« Il faut une prise de conscience collective »

Runs moto:



Benben, 26 ans, est stunter (acrobate à moto).
Habitué des runs du vendredi soir au Mans, il livre son sentiment sur le phénomène.

Entre guillemets

Pour nous, les runs sont une fête de la moto du vendredi soir, permettant aux motards sarthois et des alentours de se retrouver pour passer un bon moment ensemble, après une semaine de boulot. C'est vraiment l'idée principale de cette concentration.

Nous ne sommes pas des délinquants de la route suicidaires et dénués d'intelligence, comme voudrait le faire croire la préfecture et les anti-motards, ainsi que des articles de presse.

Les motards ne repartent pas des runs en ayant bu, comme l'affirment pourtant certaines rumeurs infondées. Nous avons une famille, des enfants pour certains et un boulot fixe, comme tout un chacun.

La notion de motards rebels et marginaux est dépassée. Il faut sortir des clichés vieux de 40 ans et faire évoluer les mentalités.

Il faut savoir également que la plupart des stunters effectuant des passages le vendredi soir s'entraînent plusieurs heures par semaine, depuis des années, sur des parkings fermés à la circulation, ce qui minimise considérablement les risques de chutes lors des runs. Pour nous, le stunt est un vrai sport, exigeant.

Malheureusement, lors du passage des forces de l'ordre le vendredi soir, tout s'arrête... Les policiers ne se rendent pas compte que ces runs ont évolué et ne sont plus aussi dangereux qu'il y a 10 ans, où un wheeling (roue arrière) voulait forcément dire très grande vitesse et danger. Désormais, les passages sur la roue arrière peuvent se faire à 20 voire même 5 km/h.

Répression infructueuse

Nous n'avons rien contre les forces de l'ordre, qui ne font qu'appliquer une loi qui, pour nous, ne fait pas la part des choses. Mais depuis quand se rassembler entre motards dans un endroit à l'écart des habitations est-il interdit ?

Nous ne gênons personne avec le bruit des motos, contrairement à l'hélicoptère de la gendarmerie venu nous traquer comme des criminels, qui réveille la moitié des Manceaux à 1 h du matin !

Ce rassemblement et ces runs au Mans perdurent depuis un très grand nombre d'années. La préfecture n'a jamais réussi à éradiquer ce phénomène.

Après tant d'années de répressions infructueuses, nous souhaiterions que les pouvoirs publics admettent enfin que ces runs sont imprégnés dans la culture motarde de la Sarthe, et travaillent en collaboration avec les associations de motards pour sécuriser nos manifestations. Il faut une prise de conscience collective.

Bien évidemment, le risque 0 n'existe pas. Il ne faut pas se voiler la face : la proximité non sécurisée du public est le réel problème, qui pourrait tout à fait être résolu par la pose de rangées de barrières métalliques, simples à mettre en place. Si chacun y met du sien, les runs pourraient se passer sans accrocs.


Recueilli par Goulven CONNAN pour Ouest France.